En-tête

Un laboratoire d'histoires

Texte

Ralf Kaminski

Paru

15.01.2021

Nadine Adler, responsable de la promotion des films du Pour-cent culturel Migros

En 2021, les Journées de Soleure se déroulent en version numérique en raison de la pandémie. Le festival du film suisse est aussi l’occasion de découvrir le nouveau projet soutenu par le Pour-cent culturel Migros, dont la marraine est la réalisatrice de la série «Le Prix de la Paix», Petra Volpe.

Les 56es Journées de Soleure revêtent un caractère inédit: si tous les événements du festival, de la cérémonie d’ouverture, enregistrée en présence du président de la Confédération Guy Parmelin, aux remises de prix, en passant par les discours, ont bel et bien lieu sur place à Soleure, le public doit les suivre en mode numérique depuis le nouveau site web de la manifestation. De même, les films en compétition et les avant-premières sont diffusés en direct en ligne. «Nous préservons ainsi l’essence même du festival: la rencontre», explique Anita Hugi, 45 ans, directrice des Journées de Soleure. Même si cela se fait cette fois-ci à distance! «Il est toutefois possible de poser des questions en ligne. Et qui aurait cru que l’on discuterait un jour avec des cinéastes depuis le confort de notre salon?»  

La réalisatrice et scénariste suisse Petra Volpe (Le Prix de la Paix, L’Ordre divin) a fait une apparition à Soleure le 22 janvier... en direct de sa nouvelle ville de résidence, New York, où elle vit avec son mari américain depuis cinq ans. 

De l’argent et du temps

Ce jour-là, dans le cadre de la nouvelle section du festival «À l’atelier» – qui vise à promouvoir l’échange créatif mutuel –, a été lancé le Story Lab du Pour-cent culturel Migros, un nouveau projet d’encouragement à la création audiovisuelle, dont Petra Volpe est justement la marraine. «Il est conçu comme un laboratoire pour tous les formats narratifs audiovisuels», explique Nadine Adler Spiegel, 43 ans, responsable de la promotion des films au sein du Pour-cent culturel. Sont donc concernés les longs métrages et les documentaires, mais aussi les séries, la réalité virtuelle et les jeux vidéo.  

Le Story Lab apporte non seulement une aide financière – entre 7000 et 25 000 francs par projet – mais accompagne également le processus de gestation d’une idée, y compris la mise en relation avec des mentors et d’autres créatifs.  

«La subvention permet de disposer de plus de temps pour bien développer l’histoire dès les premières étapes, explique la responsable. Les idées plus folles sont aussi les bienvenues: c’est un ­laboratoire expérimental où l’on a le droit d’essayer des choses et parfois même d’échouer.»

A voir ou à revoir: la bande-annonce de L’Ordre divin.

«Écrire un scénario est un art collaboratif, renchérit Petra Volpe, dont le film à succès L’Ordre divin (2017) a été subventionné par le Pour-cent culturel. Vous ne pouvez pas le faire seul, c’est pourquoi le Story Lab est vraiment une bonne chose.»  

La série Le Prix de la Paix, diffusée sur RTS Un en fin d’année, illustre le long chemin parcouru par l’auteure, de l’idée à la réalisation. «La première idée m’est venue il y a neuf ans, suivie de nombreuses recherches, qui ont conduit à de plus en plus de nouveaux éléments et finalement à l’histoire de base.»  

Elle avait tout d’abord envisagé un long métrage, mais s’est rendu compte qu’elle avait trop de matière. «Le producteur a suggéré il y a environ cinq ans d’en faire une série, ce qui correspondait bien à l’engouement pour ce format qui émergeait à l’époque.»

Avec des partenaires sensibles

Idéalement, ce que vous voyez à l’écran au bout du compte semble naturel et facile, comme s’il ne pouvait en être autrement, poursuit-elle. «Ce résultat est le fruit d’un long processus qui exige beaucoup de travail personnel, de savoir-faire et de réflexion – sans compter les personnes qui vous aideront. Il faut un village entier pour écrire un bon scénario.» S’entourer des bonnes personnes demande du temps. «Vous avez besoin de partenaires qui peuvent également vous faire ­remarquer que vous faites fausse route.» Au fil des années, un cercle de confiance s’est formé autour de Petra Volpe: «Mon producteur, mon mari et mes amis qui sont aimants et constructifs mais extrêmement exigeants.» Un auteur, étant par nature très vulnérable, a besoin de personnes sensibles dotées d’une bonne intuition. «C’est presque comme un mariage. J’encourage surtout les jeunes qui débutent à chercher des appuis comme ça.»

Un programme de subvention qui non seulement apporte de l’argent, mais aussi accompagne le processus, est donc indispensable. Le soutien dès la phase initiale est également très précieux, souligne l’auteure, «pour payer le loyer et avoir suffisamment de temps pour se consacrer au travail de fond, car il est crucial». 

Anita Hugi est du même avis: «C’est surtout une question de temps et d’argent. Et c’est bien quand les artistes disposent des moyens d’élaborer un film de 
manière approfondie et libre. Le concept du Story Lab crée non seulement un vent favorable mais également un espace de liberté créative. «Pourquoi un réalisateur de film ne devrait-il pas s’essayer au jeu?» 

La forme précédente de subvention des films par le Pour-cent culturel est arrivée à échéance à la fin de l’année 2020. «Il s’agit toujours du même budget, qui est juste réparti différemment», souligne Nadine Adler Spiegel. Grâce au Story Lab, la subvention devrait être actualisée et ne pas être uniquement destinée aux films et au cinéma. «C’est aussi une sorte d’expérience qui pourra, qui sait, inspirer d’autres mécènes.» 

Migros et les Journées de Soleure

Le Pour-cent culturel ­Migros a soutenu 18 films présentés du 20 au 27 janvier 2021 aux Journées de Soleure. ­Lancé dans le cadre du festival, le Story Lab accompagne depuis le 22 janvier les projets narratifs ­audiovisuels pendant leur phase de développement. Par ailleurs, le Story Lab est le principal partenaire de la nouvelle section «A l'atelier» du festival.

De retour au cinéma en 2022

Même si l’édition 2021 s’est déroulée virtuellement et qu’Anita Hugi tient à intégrer davantage le monde du numérique de manière générale, la directrice des Journées de Soleure veut revenir au cinéma en 2022. «Un festival se veut local, l’expérience cinématographique dans la salle est quelque chose d’unique. Et peut-être attirerons-nous ici quelques personnes qui nous ont suivis en ligne en 2021.»

Photo/Scène: Thomas Egli. Portrait Nadine Adler Spiegel, responsable de la promotion des films du Pour-cent culturel Migros.

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